Les rêves vus par les philosophes
Tout d’abord les rêves
vus par DESCARTES :
René DESCARTES a
écrit en 1641 des Méditations touchant
la première philosophie. Dans sa Première méditation intitulée « Des
choses que l’on peut révoquer » il remarque qu’il est difficile de
distinguer nettement la veille et le sommeil, comme il le dit « Mais, en y
pensant soigneusement, je me ressouviens d’avoir été souvent trompé, lorsque je
dormais par de semblables illusions. Et m’arrêtant sur cette pensée, je vois si
manifestement qu’il n’y à point d’indices concluants, ni de marques assez
certaines par où l’on puisse distinguer nettement la veille d’avec le sommeil,
que j’en suis tout étonné ; et mon étonnement est tel, qu’il est presque
capable de me persuader que je dors. »
DESCARTES suppose que les parties de nos corps
« ne sont que de fausses illusions » et que « peut-être nos
mains, ni tout notre corps ne sont pas tels que nous les voyons. » Mais il
va au-delà en comparant les éléments de notre sommeil avec les tableaux et les
peintures qui selon lui « ne peuvent être formées qu’à la ressemblance de
quelque chose de réel et de véritable », ainsi notre corps et ses parties
sont vraies et existantes. Les peintres, même lorsqu’ils cherchent à
représenter des éléments quotidiens ou de la vie de tout les jours avec le plus d’artifices, d’après DESCARTES
« ne peuvent pas toutefois attribuer des formes et des natures entièrement
nouvelles, mais font seulement un certain mélange et composition des membres de
divers animaux ». Les peintres et leurs imaginations n’est pas
entièrement créatrice, elle utilise des données existantes. Et
le même phénomène se produit lorsque nous rêvons.
De plus, il a recherché si les règles des sciences étaient
donc des certitudes. DESCARTES a dit « C’est pourquoi peut-être que de là
nous ne conclurons pas mal, si nous disons que la physique, l’astronomie, la
médecine, et toutes les autres sciences qui dépendent de la considération des
choses composées sont fort douteuses et incertaines ; mais que l’arithmétiques,
la géométrie, et les autres sciences de cette nature, qui ne traitent que de
choses fort simples et fort générale, sans se mettre beaucoup en peine si elles
sont dans la nature, ou si elles n’y sont pas, contiennent quelque chose de
certain et d’indubitable. Car, soit que je veille ou que je dorme, deux et
trois joints ensemble formeront toujours le nombre de cinq, et le carré n’aura
jamais plus de quatre côtés ; et il ne me semble pas possible que des
vérités si apparentes puissent être soupçonnées d’aucune fausseté ou d’aucune
incertitude. »
Comme rien
ne lui permet de distinguer le rêve de l’état de veille, il déclare que « si
j’applique rigoureusement la règle du doute méthodique, je dois faire comme les
fous et douter de l’existence de mon propre corps. » Il va donc étendre le
champ du doute au réel, désormais nous ne sommes plus assurés de l’existence du
monde, cela met en doute l’existence de mon corps, et des corps qui
l’entourent.
Donc selon
lui et ses théories, pour rêver de la main je n’ai pas besoin que la main
existe par contre j’ai besoin qu’il existe ces éléments simples indécomposables
qui sont au fondement de la représentation de la main. Là se pose un autre
problème, si nous supposons que nos mains n’existent pas, lorsque nous rêvons
nous avons pourtant une idée des mains, donc comment pouvons nous affirmer que
ma main n’existe pas et avoir l’idée de la main ? De là sort la
question : Pour posséder l’idée de la main ne faut-il pas que la main
existe ?
Pour conclure, le doute méthodique nous
conduit donc à une certitude provisoire : il existe une science certaine
des choses simples. Mais nous ne pouvons pas accorder une entière confiance aux
sens que nous utilisons pour distinguer la réalité de l’illusion. Pour savoir si
un vécu provenant de nos sens renvoi à la réalité il devrait être examiné
rigoureusement avec attention.
Ensuite les rêves vus
par Calderón DE LA BARCA :
La vie est un songe (1635), pièce de
théâtre de Calderón, pose une question fondamentale sur la condition humaine :
l’homme est-il l’auteur de son existence ? Ou n’est-il qu’un acteur dans la « comédie humaine » ?
La pièce de théâtre de Calderón de
la Barca écrite en 1635, La vie est un songe, s’organise autour d’une réflexion
sur le songe, se structure autour des rapports entre l’illusion et la réalité.
Deux conceptions s’opposent :
·
Dans la
perspective de Calderón, à partir du moment où on sait que le sommeil est un
songe, alors nous vivrions dans un monde peuplé d’illusions. Au contraire, Le
réveil consiste en un abandon des illusions, à un « desengaño », une
désillusion en espagnol : « mais il n’est plus pour moi désormais
d’illusions ; /car désenchanté à présent, /je sais bien, je sais que la vie est
un songe » (Pedro CALDERÓN DE LA BARCA, La Vie est un songe, Paris, Flammarion, p. 199.)
·
Parfois, la vie peut être considérée comme un monde plein d’illusions
« Qu’est-ce que la vie ? Un délire. /Qu’est donc la vie, Une illusion, /
une ombre, une fiction ; /le plus grand bien est peu de chose, /car toute vie n’est
qu’un songe, /et les songes rien que des songes. » (Ibid., p. 189.)
Ainsi, peut-être que je suis endormi… Quels indices me permettent de savoir
quand je suis endormi et quand je suis éveillé ?
Cette remise en question radicale
des différences entre la réalité et le rêve ébranle les croyances communes,
voire même l’idée d’un moi fini et constitué. Les attributs du moi ne sont
qu’illusion car de même que l’homme se prend pour quelqu’un dans le songe, le
roi se prend pour un roi dans la veille : « l’homme songe ce qu’il
est jusqu’au réveil, le roi songe qu’il est un roi »
Le sens du
mot réveil se pluralise à partir du XVIIe siècle. Auparavant, ce mot
faisait uniquement référence au moment de la sortie du sommeil. Le mot
« réveil » désignait la batterie de tambour annonçant l’heure du
lever des soldats. C’est à partir de 1650 que « réveil » prend le
sens de « action de renaître » à connotation éminemment religieuse.
Pour Calderón comme pour les religieux, le réveil est une renaissance qui
s’obtient à partir du moment où l’on est désabusé d’une illusion. Si la vie est
un songe, alors se réveiller est sortir de ce songe et voir en face la vie dans
sa véritable inconsistance éphémère.
Pour finir le rêve
vu par Sigmund FREUD :
·
Explorer
son inconscient :
Pour Sigmund Freud et selon le principe du déterminisme psychique, le rêve, loin d'être un phénomène absurde ou magique,
possède un sens : il est l'accomplissement d'un désir inconscient. Il a
pour fonction de satisfaire le rêveur. Cette fonction du rêve livre par
conséquent des renseignements sur les désirs du rêveur. Son sens doit être
interprété. L’interprétation des rêves fournira à la psychanalyse une
« voie royale vers l’inconscient ».
Le rêve présente une structure très proche de celle de la
névrose.
·
Préserver
le sommeil du dormeur : les rêves de commodité (de l’interprétation des rêves, p.90)
« Quand j’étais jeune, j’avais souvent des rêves de
cette sorte. J’ai toujours eu l’habitude de travailler tard dans la nuit et
j’avais beaucoup de mal à me lever le matin. Je rêvais souvent que j’étais levé
et devant ma table de toilette. Au bout d’un certain temps, j’étais bien obligé
de constater que je n’étais pas encore levé, mais j’y avais gagné un moment de
sommeil. » Freud
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