mercredi 27 janvier 2016

Les rêves vus par les philosophes


Tout d’abord les rêves vus par DESCARTES :
René DESCARTES  a écrit en 1641 des Méditations touchant la première philosophie. Dans sa Première méditation intitulée « Des choses que l’on peut révoquer » il remarque qu’il est difficile de distinguer nettement la veille et le sommeil, comme il le dit « Mais, en y pensant soigneusement, je me ressouviens d’avoir été souvent trompé, lorsque je dormais par de semblables illusions. Et m’arrêtant sur cette pensée, je vois si manifestement qu’il n’y à point d’indices concluants, ni de marques assez certaines par où l’on puisse distinguer nettement la veille d’avec le sommeil, que j’en suis tout étonné ; et mon étonnement est tel, qu’il est presque capable de me persuader que je dors. »
DESCARTES  suppose que les parties de nos corps « ne sont que de fausses illusions » et que « peut-être nos mains, ni tout notre corps ne sont pas tels que nous les voyons. » Mais il va au-delà en comparant les éléments de notre sommeil avec les tableaux et les peintures qui selon lui « ne peuvent être formées qu’à la ressemblance de quelque chose de réel et de véritable », ainsi notre corps et ses parties sont vraies et existantes. Les peintres, même lorsqu’ils cherchent à représenter des éléments quotidiens ou de la vie de tout les jours avec  le plus d’artifices, d’après DESCARTES « ne peuvent pas toutefois attribuer des formes et des natures entièrement nouvelles, mais font seulement un certain mélange et composition des membres de divers animaux ». Les peintres et leurs imaginations n’est pas entièrement créatrice, elle utilise des données existantes. Et le même phénomène se produit lorsque nous rêvons.
De plus, il a recherché si les règles des sciences étaient donc des certitudes. DESCARTES a dit « C’est pourquoi peut-être que de là nous ne conclurons pas mal, si nous disons que la physique, l’astronomie, la médecine, et toutes les autres sciences qui dépendent de la considération des choses composées sont fort douteuses et incertaines ; mais que l’arithmétiques, la géométrie, et les autres sciences de cette nature, qui ne traitent que de choses fort simples et fort générale, sans se mettre beaucoup en peine si elles sont dans la nature, ou si elles n’y sont pas, contiennent quelque chose de certain et d’indubitable. Car, soit que je veille ou que je dorme, deux et trois joints ensemble formeront toujours le nombre de cinq, et le carré n’aura jamais plus de quatre côtés ; et il ne me semble pas possible que des vérités si apparentes puissent être soupçonnées d’aucune fausseté ou d’aucune incertitude. »
Comme rien ne lui permet de distinguer le rêve de l’état de veille, il déclare que « si j’applique rigoureusement la règle du doute méthodique, je dois faire comme les fous et douter de l’existence de mon propre corps. » Il va donc étendre le champ du doute au réel, désormais nous ne sommes plus assurés de l’existence du monde, cela met en doute l’existence de mon corps, et des corps qui l’entourent.
Donc selon lui et ses théories, pour rêver de la main je n’ai pas besoin que la main existe par contre j’ai besoin qu’il existe ces éléments simples indécomposables qui sont au fondement de la représentation de la main. Là se pose un autre problème, si nous supposons que nos mains n’existent pas, lorsque nous rêvons nous avons pourtant une idée des mains, donc comment pouvons nous affirmer que ma main n’existe pas et avoir l’idée de la main ? De là sort la question : Pour posséder l’idée de la main ne faut-il pas que la main existe ?

Pour conclure, le doute méthodique nous conduit donc à une certitude provisoire : il existe une science certaine des choses simples. Mais nous ne pouvons pas accorder une entière confiance aux sens que nous utilisons pour distinguer la réalité de l’illusion. Pour savoir si un vécu provenant de nos sens renvoi à la réalité il devrait être examiné rigoureusement avec attention.
Ensuite les rêves vus par Calderón DE LA BARCA :
La vie est un songe (1635), pièce de théâtre de Calderón, pose une question fondamentale sur la condition humaine : l’homme est-il l’auteur de son existence ? Ou n’est-il qu’un acteur  dans la « comédie humaine » ?

La pièce de théâtre de Calderón de la Barca écrite en 1635, La vie est un songe, s’organise autour d’une réflexion sur le songe, se structure autour des rapports entre l’illusion et la réalité. Deux conceptions s’opposent :
·         Dans la perspective de Calderón, à partir du moment où on sait que le sommeil est un songe, alors nous vivrions dans un monde peuplé d’illusions. Au contraire, Le réveil consiste en un abandon des illusions, à un « desengaño », une désillusion en espagnol : « mais il n’est plus pour moi désormais d’illusions ; /car désenchanté à présent, /je sais bien, je sais que la vie est un songe  » (Pedro CALDERÓN DE LA BARCA, La Vie est un songe, Paris, Flammarion, p. 199.)
·         Parfois, la vie peut être considérée comme un monde plein d’illusions « Qu’est-ce que la vie ? Un délire. /Qu’est donc la vie, Une illusion, / une ombre, une fiction ; /le plus grand bien est peu de chose, /car toute vie n’est qu’un songe, /et les songes rien que des songes. » (Ibid., p. 189.) Ainsi, peut-être que je suis endormi… Quels indices me permettent de savoir quand je suis endormi et quand je suis éveillé ?

Cette remise en question radicale des différences entre la réalité et le rêve ébranle les croyances communes, voire même l’idée d’un moi fini et constitué. Les attributs du moi ne sont qu’illusion car de même que l’homme se prend pour quelqu’un dans le songe, le roi se prend pour un roi dans la veille : « l’homme songe ce qu’il est jusqu’au réveil, le roi songe qu’il est un roi »

Le sens du mot réveil se pluralise à partir du XVIIe  siècle. Auparavant, ce mot faisait uniquement référence au moment de la sortie du sommeil. Le mot « réveil » désignait la batterie de tambour annonçant l’heure du lever des soldats. C’est à partir de 1650 que « réveil » prend le sens de « action de renaître » à connotation éminemment religieuse. Pour Calderón comme pour les religieux, le réveil est une renaissance qui s’obtient à partir du moment où l’on est désabusé d’une illusion. Si la vie est un songe, alors se réveiller est sortir de ce songe et voir en face la vie dans sa véritable inconsistance éphémère.
Pour finir le rêve vu par Sigmund FREUD :
·         Explorer son inconscient :
Pour Sigmund Freud et selon le principe du déterminisme psychique, le rêve, loin d'être un phénomène absurde ou magique, possède un sens : il est l'accomplissement d'un désir inconscient. Il a pour fonction de satisfaire le rêveur. Cette fonction du rêve livre par conséquent des renseignements sur les désirs du rêveur. Son sens doit être interprété. L’interprétation des rêves fournira à la psychanalyse une « voie royale vers l’inconscient ».
Le rêve présente une structure très proche de celle de la névrose.
·         Préserver le sommeil du dormeur : les rêves de commodité (de l’interprétation des rêves, p.90)

« Quand j’étais jeune, j’avais souvent des rêves de cette sorte. J’ai toujours eu l’habitude de travailler tard dans la nuit et j’avais beaucoup de mal à me lever le matin. Je rêvais souvent que j’étais levé et devant ma table de toilette. Au bout d’un certain temps, j’étais bien obligé de constater que je n’étais pas encore levé, mais j’y avais gagné un moment de sommeil. » Freud

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